Ô for a muse…

Une proposition c/o dimitri vazemsky au Château d’Hardelot à Condette.

Que dire avant? Who’s there? Qui va là?
Tentons le Dramatis Personae.
William Shakespeare. Henry V. L’exposition devait commencer le cinq mai. Elle débutera le 21 avril, en un lent work in progress, le château comme atelier. Ou ma mine de sel de Salzbourg ( Stendhal, De l’Amour) où cristalliser.
William Shakespeare. Henry V comme le seul moyen de rallier les Hauts de France à l’oeuvre shakespearienne: Bataille d’Azincourt, 1415. La française cavalerie laminée par les archers anglais, gallois.
Henry épouse Catherine. Et quant au baiser avant le mariage – que nenni la coutume en France- Henry répond alors à Catherine, ce manifeste: « We are the makers of manners ». Act V, scène 2.
Henry V: autre manifeste: son prologue. Incontournable témoignage de ce qu’était le théâtre élisabéthain.

La première lettre de la pièce. « O »
« O for a muse of fire… »
Le théâtre de Shakespeare avait pour surnom: « The wooden O ».

Préciser juste que depuis ma nuit passée au pied de la tour de Beaurevoir mes sens cristallisent aisément autour de Jeanne d’Arc. Je vous passe les détails. Toujours est-il que, lorsque, invité au château pour réfléchir à une proposition dans le fumoir, elle est là, pensive, en plâtre, en buste. Je la remarque. Le dis. Et il se trouve que le château venait d’acquérir un bronze de Jeanne d’Arc exécuté par Marie d’Orleans. Marie d’Orléans, considérée comme une des premières femmes à pratiquer la sculpture, est la fille de Louis Philippe, créateur de l’Entente Cordiale. Le château d’Hardelot est le centre culturel de l’Entente Cordiale. Les boucles se bouclent, j’intègre le bronze de Jeanne D’Arc au Dramatis Personae.
Joan of Arc, muse of fire.
Ma muse de feu.

Henry V, son prologue:  » Ô for a muse of fire that would ascend the brightest heaven of inventions… »
Jeanne d’Arc est à mes yeux une des plus belles créations franco-brittanique, de cette Entente Cordiale. L’un sans l’autre, elle n’aurait existé. Jeanne d’Arc pose également la question brûlante des identités, nationales, de l’individu face au groupe, du rapport à la foi, à l’action, engagée par le groupe ou par soi, à l’action désirée et son écriture dans le réel, à la mystique de l’inspiration, mais d’où nous viennent ces folles idées, comme se convaincre de leur mise en oeuvre: de la pastorale bergère devenant la main armée de dieu, dire le sacrifice, l’agir sur le monde, et selon quelle volonté, qui invoquer? Tout ce qui me plait!
Shakespeare ( je m’avance sur la scène: prouvez-moi le contraire) est le premier à mettre en scène Jeanne d’Arc : sur les planches -non brûlées- dans son Henry VI ( Part #1).
Jeanne d’Arc quitte alors le récit historique pur pour devenir un personnage de fiction, mis en scène.
Mais le récit même de ses actions était-il réel? Les frontières entre réalité et fiction se mélangent, encore plus aisément, dans une pièce historique. Re-enactement.
Ma tasse de thé.
Le reste est silence.

Exposition visible au château d’Hardelot à Condette de la fin avril à la mi-novembre.
Matériaux divers. Livres, miroirs, racines, reflets, nature/culture, photos, néon, verre, acier, feu, cendres.