La photo • les deux demi-photos s’il faut être vraiment précis • sont d’Olivier Touron.
Le montage aussi.
En costume, sautant • en vrai • le commanditaire: dimitri vazemsky.
De dos, partant, en maillot blanc: moi aussi.
Merci au lieu: Le Château de la Motte, près d’Hazebrouck, une école d’aviation. Aurais-je eu la même idée de sauter d’une école de tricot?
Commande faite pour les journées du patrimoine 2003.
Merci à Anne et Bernard Verquère, organisant l’évènement. Le thème: L’ombre.
L’idée vint de quelques lignes de Yukio Mishima, sur lequel je tombe parce qu’il s’est fait son sepuku, suicide traditionnel japonais, le jour de ma naissance. Merci Papa, merci Maman. Merci Pierre Perret pour la tonalité chantante de la phrase précédente.
Un lien fut fait à l’époque • par devers moi • naissant avec les cheveux noirs de jais, les yeux plissés, la jaunisse… il n’en suffisait pas tant pour que la sage femme pense mon père asiatique: lui qui est blond aux yeux bleus. Voilà une bonne entrée en matière, cette japonitude fictive: le jour même du sepuku de Mishima.
Étrange étrangeté.
Mais revenons au saut, être ange aussi, ange ou Icare ( Y.K.-re), avec ce lien fortuit mais déconcertant, anagrammatique entre le 26-11-70 et 27-11-60, respectivement jour de ma naissance et le jour de parution du Journal du Dimanche d’Yves Klein d’où est tirée la fameuse photo du saut citée ici.
Merci donc à Yves Klein ( 1928-1962).
Merci aussi à Harry Shank, le photographe attrapant le saut, sans doute lui aussi qui fit le montage. Merci à l’autre photographe présent durant le saut, ami d’Harry, apportant un autre point de vue.
Merci à Breughel, l’Ancien, pour sa toile de la Chute d’Icare, où l’on voit un laboureur au premier plan se foutant complètement du zygoto qui tombe du ciel. Plouf dans l’eau.
Merci à l’auteur d’Icare, sans doute multiple avant d’arriver aux oreilles d’Ovide. Ô vide!
Merci au cycliste inconnu qui sur la photo du saut d’Yves Klein, symbolise pour Yves Klein ce laboureur et qui chez moi fut remplacé par Elise, Mr Trampoline de l’école du cirque de Lomme & moi-même, doublement présent sur cette photo. Là, terrien, est le quotidien des gens qui ont autre chose à faire, comme labourer, que de regarder les autres voler, tenter d’atteindre le soleil. Merci au soleil.
Aux oiseaux. Base de la copie, de l’envie. De voler… Encore merci à Ovide et ses copains grecs pour les rapports entre Dédale, père d’Icare, posant le problème des consignes, de l’hybris: le saut étant aussi le seul moyen pour Icare et son père de sortir du labyrinthe.
Merci au Judo, Japonais, qui par un kata final susurre à Yves Klein ce rituel… pardon, pardon: cette performance. Merci au milieu de l’époque, aux nouveaux réalistes, à la peinture de Maman Klein, à toutes ces choses qui font que Yves Klein ( 1928-1962) en arrive à ça.
Merci à Rotraut pour la bâche de réception: Yves aurait pu se faire très mal.
Merci à ses copains judoka pour avoir tenu, tendu, la bâche, et ainsi créer une relique, conservée aux dernières nouvelles par Cornette de Saint-Cyr: la fameuse bâche sacrée.
Merci à l’école du cirque de Lomme pour le prêt du trampoline dans lequel mon corps se laissa choir en toute confiance, ou presque, plus d’une cinquantaine de fois avant d’apprendre à ne pas. Ne pas replier les mains et les pieds pour se protéger. Chuter. Librement. Complètement.
Merci à Daguerre et sa troupe pour l’invention de la photo: le saut en peinture n’aurait pas le même effet. La même portée.
Ah oui merci à Patricio et au Centre d’Art, l’ancienne Ariap de Lille, car la photo montrée ci dessus n’est pas celle d’Olivier Touron, mais une copie. Ayant besoin d’un agrandissement de deux mètres de haut, le fichier original de la photo ( ah les débuts du numérique! ) n’étant pas d’assez bonne qualité, nous fîmes un tirage en petite taille que nous avons scanné en haute définition pour l’impression.
Merci aux internautes, comme la Boite Verte, qui postent des articles où vous pouvez en apprendre un peu plus.
Merci à Tita Reut pour m’avoir emmené, un jour, boire le café chez Arman où je fus frappé par un écrou entièrement recouvert d’IKB, le premier.
Merci surtout à Kierkegaard qui me permet d’achever ma recherche métaphysique ( puisqu’elle me dépasse) des remerciements sous-jacent à cette photo :
“il ne peut être mis fin à la réflexion que par un saut ».
Saut que je fais ici, même.